Histoire du torchis
(rappelons tout de même que cette section, n'est qu'une infime partie de l'histoire de la construction en terre)
Il est illusoire de vouloir dater les premiers usages du torchis car les fouilles archéologiques n’ont pas permis de retracer ses premières utilisations, puisque seules les ossatures des bâtiments en bois sont conservées par le temps.
Mais il y a fort à parier que dans ses premiers gestes de constructeur, l’homme a utilisé la terre pour égaliser le sol de sa maison, calfeutrer les parois de branchages de sa hutte, garnir le plafond de son abri. Modeler la terre, se servir de ses mains pour enduire une paroi, sont presque des gestes instinctifs, qui laissent supposer que mélanger des débris végétaux ou des poils d’animaux avec de la terre argileuse est une pratique remontant à des milliers d’années.
La terre offre une variété des techniques de construction et une connaissance très affinée de possibilités. Ceci se traduit, entre autres, par une diversité linguistique dans ce domaine, on dit : « banco » en Afrique de l’ouest, « thobe » en Egypte et régions septentrionales, « daga » en Afrique du sud est.
En ancienne Mésopotamie , les premières cités découvertes étaient construites de terre crue donc d’argile. Cela voudrait dire que l’utilisation de l’argile dans la construction remonterait à avant même l’invention de l’écriture .Mais c’est depuis le Néolithique que le torchis est utilisé en Europe.
A Rome, vers le 6e siècle av. JC, l’habitat de huttes en bois couvertes de chaume laisse peu à peu place à un habitat en maisons rectangulaires aux murs de briques crues. Puis, vers le IVe et IIIe siècle av JC, le tuf* et le marbre deviennent les matériaux de prestige de la Rome impériale tandis que la brique crue est laissée aux maisons modestes.
Durant l’âge de fer, s’est développé l’habitat en oppidum, des petites maisons de bois et de torchis, de bauge.
Lors du Moyen-Âge, on voit un retour aux constructions rudimentaires en bois long fendu et torchis, surtout dans le milieu rural.
Ce n’est qu’au XVIIIe et XIXe siècle que l’on observe un renouveau des habitats massifs en terre crue (bauge, pisé, briques).
En Europe, la construction en terre perdure jusqu’en 1950 où elle connait un renouveau étonnant suite à la seconde guerre mondiale à cause de la pénurie en matériaux industrialisés et du relogement massif des populations sinistrées.
Près 1 500 000 000 d’êtres humains vivent dans un habitat en terre (soit 30% de la population mondiale). En effet, 50% de la population des pays en voie de développement utilisent ce mode de construction pour réaliser leur habitat.
Sur le continent africain, la plus grande partie des constructions rurales et même urbaine sont en terre ou en « leuh » (Maroc).
En Occident, il est surtout utilisé dans la rénovation. On remarque, par ailleurs, que certaines populations ont conservé des modes de construction proches des modèles les plus anciens révélés par les fouilles. En effet, elles utilisent le torchis pour parfaire leur habitat, en l'utilisant comme enduit.
Par contre, dans ces pays, la facture énergétique (chauffage etc) relance les recherches sur la construction en terre.
Aujourd'hui ...
Cependant en Orient, certaines populations l’utilisent afin de bâtir la totalité de leur habitation. Le torchis est alors utilisé comme mur porteur grâce à des techniques de constructions telles que l’adaubage et le coffrage.
En outre, ces pays sont dotés d’un grand génie architectural de la terre : on voit en Iran de nombreuses magnifiques citées et même, à Shîbam, au Yémen, des immeubles en terre de plus de 10 étages (comme vu ci-dessus) !



On peut aussi mentionner les étonnantes constructions en "banco" au Mali.
Ci-contre, la mosquée de Djingareyber, Toumbouctou, Mali.

* définition dans le dictionnaire